Bio sans Label : le choix audacieux de Sandrine

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Lassée par les compromis imposés par les certifications bio, Sandrine, productrice passionnée, a décidé de cultiver selon ses propres règles. Elle privilégie la biodiversité, les variétés anciennes et des pratiques encore plus strictes que les standards officiels. Rencontre avec une femme qui remet en question les étiquettes pour offrir des produits authentiques.

Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans la culture de légumes bio par rapport à l'agriculture conventionnelle ?

Au Luxembourg, il n’existe pas d’organisme de certification bio. J'étais certifiée par un organisme comme Écocert en Belgique, mais j’ai arrêté en 2017. Ce n’était pas à cause des contraintes administratives, mais parce que je voulais offrir des produits bio et locaux tout en limitant au maximum le transport.

Je ne me retrouvais plus dans les pratiques actuelles du bio. Par exemple, de nombreuses variétés hybrides se sont imposées. Ces hybrides ne permettent pas de multiplier les graines, et cela posait problème pour les contrôles, car ma mère et certains clients me donnaient des graines non traçables.

En plus, certains produits chimiques sont autorisés en bio, ce que beaucoup de consommateurs ignorent. Ces compromis ne me convenaient plus. Aujourd’hui, je respecte des pratiques encore plus strictes, sans aucun produit chimique.

La biodiversité est notre patrimoine, et certaines espèces risquent de disparaître. Rien n’a changé dans ma façon de travailler : mon jardin est ouvert à tous. Des restaurateurs, comme Sébastien Périé de l'Atelier Windsor, me disent régulièrement : "Peu importe que tu aies un label ou non."

 

Comment choisissez-vous les variétés de légumes que vous cultivez, et lesquelles ont le plus de succès auprès de vos clients ?

Les variétés que je cultive doivent être robustes pour résister aux conditions climatiques locales, souvent extrêmes : nous pouvons passer de 25 °C à 5 °C en quelques jours.

Je privilégie les variétés anciennes, notamment pour les tomates. Nous cultivons une cinquantaine de variétés différentes, savoureuses et riches en vitamines. Avec elles, on ne se trompe pas, elles sont toujours très appréciées !

 

Quelles techniques naturelles utilisez-vous pour protéger vos cultures sans recourir aux pesticides chimiques ?

Pour protéger mes cultures, j’évite tout produit chimique. Nous utilisons des filets anti-insectes pour protéger nos navets, radis, poireaux et choux, et nous plantons des tagètes au pied des tomates pour repousser naturellement les nuisibles.

En cas d’invasion, comme les limaces cette année, nous avons dû ramasser des dizaines de kilos à la main. En dernier recours, nous avons utilisé un anti-limaces pour sauver nos récoltes.

Enfin, nous utilisons du savon noir dilué, du bicarbonate ou du purin d’ortie en prévention. Ces méthodes simples permettent de respecter l’équilibre naturel du jardin tout en étant efficaces.

 

Quels sont les avantages, pour la santé et l’environnement, de consommer des légumes locaux par rapport à des légumes conventionnels ?

L’utilisation de techniques naturelles est un atout majeur pour l’environnement. Par exemple, nous pulvérisons du savon noir très tôt le matin ou tard le soir pour ne pas déranger les abeilles.

Côté santé, nos légumes, récoltés le jour même, conservent leur fraîcheur et leurs qualités nutritives. Les tomates, riches en antioxydants, et nos autres légumes n’ont pas besoin d’artifices pour être délicieux.

 

Quels sont les mythes les plus courants à propos de la culture locale que vous aimeriez dissiper ?

Le premier mythe est l’image stéréotypée de la paysanne avec un chapeau, à laquelle je ne corresponds pas.

Ensuite, beaucoup pensent que les produits locaux sont toujours disponibles en abondance. En réalité, nous respectons les saisons. En été, nous récoltons des centaines de kilos de tomates, mais en hiver, ce sont les légumes racines, choux et courges qui dominent.

Quand je n’ai plus certains produits, je collabore avec d’autres producteurs locaux ou régionaux, toujours en privilégiant la saisonnalité. Ce respect des cycles naturels est essentiel, car il répond aussi aux besoins nutritionnels du corps.

 

Un engagement pour une agriculture durable

Avec son approche sans label mais rigoureuse, Sandrine prouve qu’il est possible de cultiver autrement. Ses pratiques respectueuses de la biodiversité et ses produits d’une qualité exceptionnelle invitent à repenser la manière dont nous consommons et valorisons l’agriculture locale.

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